Submergée !

La vigne vierge

Après un long sommeil au bois dormant, et sur la demande répétée d’une chère amie, je tenterais bien de réveiller ce blog.
La longue pause de publication correspond peu ou prou à la crise sanitaire du Covid. C’était une phase bizarre où le timide départ de mes enfants de la maison a été stoppé net et où nous nous sommes retrouvés plus que jamais en famille, nombreuse ! Le printemps du confinement restera à jamais dans notre mémoire comme l’un des plus beaux, des plus doux, avec une végétation précoce et abondante et un plaisir aiguisé par la situation d’exception de vivre au milieu de toute cette splendeur !

Mais malgré ce privilège et le temps magnifique, cette crise a bien eu un effet démoralisant sur mon activité au jardin.
J’avais pris goût, l’année précédente, à ouvrir mon jardin à la visite de passionnés. L’effet stimulant d’un tel évènement peut vous porter pendant une saison entière pour aboutir à des échanges et une reconnaissance plutôt rares dans le travail solitaire du jardinier.

Et quand, au cours du printemps 2020, la visite prévue par le groupe Arrosoir et Sécateur devenait de plus en plus improbable, mon courage m’a abandonnée et le service minimum l’a remplacé. Autour de nous la folie jardinière prenait de l’ampleur avec chaque rallonge du confinement, mais moi, j’avais tout juste l’énergie d’empêcher l’entropie de tout engloutir !

En 2021, deux visites du jardin m’ont remise sur le droit chemin : les Arrosoirs et Sécateurs ayant reprogrammé leur grand périple des jardins du Perche et offrant de payer une entrée, il n’était pas question de les décevoir avec un jardin mal entretenu.
La deuxième visite, organisée par l’association Hortus Pertica, devait concerner en priorité le potager, mais on n’empêchera pas les amateurs de jardins de faire un tour complet des lieux !
A l’image du temps maussade et froid du printemps dernier, mes journées de visites se sont déroulées sous une pluie intermittente, mais n’ont en aucun cas été gâchées par ces aléas météorologiques. Le gentil article d’Alain témoigne de l’enthousiasme des visiteurs devant des rosiers obstinément clos à cause du froid !

La création d’une nouvelle aire de vivaces, la reprise en main du potager et du jardin blanc avaient mis fin à une phase flottante où j’avais eu du mal à me projeter dans ce petit et le grand monde. Cependant, le travail physique et le contact avec la terre et les plantes ont eu l’effet habituel de me rasséréner.

En cette fin de saison, je ne me sens plus tellement submergée par le travail et la crise sanitaire est loin. Mais en regardant autour de moi, je me rends compte que c’est la vigne vierge qui tente de submerger mon jardin avec ses lianes sinueuses et insidieuses !

L’immense cotonéaster à côté de la petite maison est totalement recouvert des jolies feuilles qui ont poussé sans qu’on les remarque pendant l’été. Ce n’est que maintenait que je me rends compte de l’étendue du déploiement de cette plante.

Au printemps, elle se hisse n’importe où grâce à ses longues tiges et vrilles. Elle peut même se fixer sur les murs avec des petites ventouses. Son système racinaire est vaste et profond et elle rampe dans la pelouse en s’auto-marcottant afin de s’ériger une fois échappée de l’aire de tonte.

Elle a sérieusement entravé la vigueur de ce jeune lilas tout en le décorant avant la chute finale des feuilles.
Et là se situe le dilemme pour moi : j’adore son petit show d’automne !

Veut-on vraiment se priver de ce délire de couleurs dans la clématite montana à un moment où celle-ci n’a plus grand chose à offrir ? Et en même temps, la brièveté du spectacle mérite-t-elle que l’on accepte la colonisation de plus en plus d’endroits au jardin ?

Tous les printemps j’arrache les lianes pour libérer les plantes envahies, me promettant de déterrer les racines à l’automne suivant, mais je n’ai réussi à éradiquer l’ennemi d’une nouvelle plate-bande qu’une seule fois !

Quelques jours et une tempête plus tard, le cotonéaster réapparait sous les tentacules dénudées. A partir de là, tout ira très vite : les feuilles vont tomber et il faut se dépêcher si l’on veut encore confectionner un petit arrangement floral pour la maison.

Cette composition non plus n’est pas faite pour durer. A peine la photo prise, elle commencera à se désagréger. Dehors comme dedans, la vigne vierge tire vite sa révérence pour laisser place aux éléments plus permanents du jardin.

4 réflexions sur “Submergée !

  1. Un article bien coloré, qui fait du bien. En espérant que votre retour ne soit pas éphémère tél votre bouquet.
    J aime bcp le vase.
    Belle soirée, et à bientôt.

    Laurence

  2. Beau texte, Heike, pour évoquer ce drôle de passage de temps et de saisons que nous vivons, que tu as vécu. En temps « normal », déjà, la nature, les jardins nous font prendre du recul vis à vis de nos vies. En cette période de bouleversements, les jardins que nous cultivons et observons nous aident à relativiser, nous rassurent et émerveillent, mais aussi nous rendent humbles. Du respect pour cette vigne vierge, en effet, que tu retrouves avec plaisir et ambivalence :). Chouettes, les photos.

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