Mon jardin est « chronovore », il se nourrit du temps que je veux bien lui donner. Ce temps est peut-être la ressource la plus rare du jardinier, il en faudrait toujours plus pour satisfaire l’ogre vert !
Mais voilà, nous sommes cinq à vivre dans une grande et vieille maison qui n’en finit pas d’être finie. Nous y mangeons, jouons, dormons, travaillons, bricolons, chahutons… Tous les jours, nous avons besoin de repas, de vêtements propres, d’espaces agréables pour vaquer à nos occupations. Et c’est bien là que passe le gros de mon temps.
Cependant, dès que je peux, je suis au jardin !
Le propos de mon blog n’est pas de vous faire gagner du temps au jardin mais de vous donner envie d’y aller. Car il faut bien se rendre à l’évidence qu’il y a très peu de raccourcis pour faire les choses au jardin. Avec l’expérience, on apprend bien sûr à effectuer certains travaux de manière plus efficace et rapide, mais ne nous leurrons pas, le jardin sans effort, ça n’existe pas ! Mais le temps investi aux jardin vous le rendra bien : satisfaction, bonheur, air frais, exercice et méditation, fleurs coupées et légumes croquants,… la liste est longue !
Le seul truc « gagne-temps »
Une exception à la règle : le non-retournement ou la culture sans labour (mais pas complètement sans labeur, hélas !). J’expliquerai cette démarche qui permet réellement de gagner du temps au potager (pour aussitôt l’employer à de nouvelles tâches, d’ailleurs). Je ne retourne plus la terre depuis une dizaine d’années et je partagerai avec vous les avantages d’une telle pratique (et ses quelques inconvénients, notamment pour la terre lourde du Perche).
Le parterre autonome
C’est un tout petit endroit que j’ai réussi à aménager de façon à ce qu’il n’ait quasiment pas besoin d’entretiens. Je me disais donc que c’était une bonne idée de vous le présenter de manière régulière au fil des saisons. Mais voilà à quoi il ressemble après le passage de M. Bée et son équipe qui nous ont refait l’enduit de la maison:
Comme je suis très confiante dans la force extraordinaire de la nature à se refaire une santé et une beauté, je maintiendrai l’idée de vous donner des nouvelles de cet endroit de désolation momentanée.
Le jardin blanc
Il y a deux ans, j’ai transformé mon ancien potager en « jardin blanc ». Le concept du « jardin blanc » a été inventé par une Anglaise (Vita Sackville-West) au début du vingtième siècle et consiste simplement à planter dans un endroit désigné uniquement des plantes à fleurs blanches. Je dis « simplement », mais ce n’est pas si évident que ça. Chez moi, le jardin blanc est encore en phase de transition (ah ! tous les blancs ne se valent pas et que faire du lilas couleur lilas ?)
Le bouquet du moment
Faire pousser des fleurs au jardin est un grand bonheur, mais je ne résiste évidemment pas à la tentation de les ramener à la maison. Avoir eu le temps d’arranger des fleurs dans un vase est l’un des plus sur indicateur que notre vie va bien.
Trop de… recettes pour l’abondance
Pas de blog de jardinage sans recettes de cuisine. Quand on se donne du mal à faire pousser ses fruits et légumes, on se doit de bien les cuisiner ! Mais le jardinier est souvent confronté à une surabondance, un « trop de… » certains produits au même moment. C’est l’occasion de partager des idées de recettes saisonnières que j’ai glanées au fil des années.
Comment en est-on arrivé là ?
Le Perche, ma terre d’argile
Atterrissage
Dans les interviews de gens passionnés de jardinage, on pose inévitablement la question de leurs premières influences ou premiers souvenirs au jardin. Mais quand je me pose cette question à moi-même, je ne sais trop quoi répondre. En creusant un peu, il y a évidemment quelques pistes.
Les premières années de ma vie se passent en Allemagne dans une toute petite ville et à l’étage d’une maison pour deux familles. Le jardin d’agrément était réservé aux « gens d’en bas », et le petit potager, dont on avait pourtant l’usufruit, était totalement ignoré par mes parents trop occupés à gagner leur vie et à élever leurs deux petites filles.
Deux déménagements plus tard nous voient atterrir dans une maison avec un grand jardin que mon père s’empressait de planter en paradis naturel pour oiseaux et autre flore et faune sauvage. Il y avait une petite mare, de la pelouse et surtout des arbres pour cacher les voisins.
Quand je devais tondre l’herbe haute et la ramasser avec un râteau, j’aimais mettre une longue jupe à volants et m’imaginer en paysanne faisant le foin en été. Je possédais par ailleurs quelques plantes d’intérieur dont je m’occupais avec dévouement. Mais pendant mes années d’études de stylisme et mon installation à Paris, « Le Jardin » devint une quantité négligeable, inexistante dans ma vie.
Sans terre
Pourtant la verdure me manquait cruellement à Paris. Les quelques parcs publics que je traversais dès que le détour n’était pas trop extravagant ne pouvaient assouvir ma soif de chlorophylle. Je longeais les quais des fleuristes et rodais sur l’Ile de la Cité parmi les serres et les plantes en pots. Un peu plus tard, nous nous sommes installés avec mon futur mari au dernier étage d’un immeuble tournant autour d’une petite cour, et mes premiers semis de fleurs pour les balconnières ont été un véritable succès, c’était la jungle, ça débordait, c’était génial !
Ma sœur me rappelle encore aujourd’hui le coup de téléphone que je suis censée lui avoir passé à ce moment-là : « je n’en peux plus de la vie en ville, il faut que je gratte dans la terre, que je sème de mes mains et que je croque les carottes de mon jardin ! »
L’idée germe dans nos têtes et très rapidement, dans l’inconscience la plus totale, nous achetons une maison dans le Perche. Une ruine aurais-je pu écrire, mais une ruine avec un grand jardin ! Grand et totalement délaissé.
La terre et le terrain
La terre dans ce coin du Perche est très lourde, comme je devais bientôt le comprendre en essayant de lui arracher un petit carré de potager. Rien à voir avec la terre noir et sableuse de mon enfance. La teneur en argile me parait encore aujourd’hui phénoménale. Du coup, même les opérations les plus simples sont assommantes (ce qui a certainement favorisé mon intérêt pour le non-retournement). Mais elle est aussi très riche et les plantes adaptées y poussent à merveille.
Au début de notre aventure, notre jardin faisait environ 4.000m2 et mon potager était tout petit. Le premier carré mesurait trois mètres par quatre et je peux encore sentir l’odeur des énormes racines de la berce qui minait le terrain et qu’il fallait sortir une à une. Mais mes premières récoltes furent prodigieuses, comme c’est si souvent le cas.
Chaque année je rajoutai un carré à mon potager, et après la lecture du livre « Le Jardin naturel » de Jean-Marie Lespinasse je créai des buttes que je ne retournai plus. Les années se suivirent mais ne se ressemblaient pas. Même le potager est un « jardin en mouvement » et se transforme au fil du temps et des changements des pratiques du jardinier.
Depuis, nous avons pu agrandir notre terrain à presque un hectare et demi, et mon potager a suivi cette « folie des grandeurs ». Il occupe maintenant environ 400m2 avec de nombreuses bordures fleuries. Une grande partie de notre terrain est en phase de reboisement (un bien grand mot pour des tiges d’arbres très fluettes). Il y a de la prairie (sauvage), un petit verger, un terrain de jeux pour nos trois garçons et les « apéros-foot » avec les amis, un jardin blanc et trois magnifiques arbres centenaires qui, à eux seuls, font de notre « coin sur la colline » un véritable jardin.
J’en veux encore ! cette simple lecture me donne tellement encore plus envie d’avoir MON jardin .
Simon.
Vivement le printemps…
Bravo de magnifier la nature autant et lui rendre toute sa dimension d œuvre d art
Hâte de la savourer avec tes futures recettes
TRES SYMPAS LE JARDIN C EST UN VERITABLE HAVRE DE PAIX…
cela est très rafraichissant et revivifiant – le bonheur et la paix sont dans le perche .
tout cela donne envie de (i) passer plus de temps à la campagne (ii) de participer et/ou créer un blog et surtout d’échanger les recettes !!!
BIZZ
Bravo Heike! Beau ‘blog’, belle initiative…je vais te suivre dans ton jardin et m’en inspirer…
Oh oh oh !!! Tout s’explique !
Ce site est comme un jardin dans nos vies citadine, il en a la fraîcheur et la poésie! Et il me rapproche du Perche quand je n’y suis pas. Merci et vite, la suite!
Super Heike, je vais suivre tes fabuleux conseils, car on a beaucoup de boulots aussi !
Bonjour Heike! Quel plaisir de lire ton blog! Il est d’une fraîcheur tellement agréable et indispensable. C’est une invitation au plaisirs simples qu’offres la nature et pourtant si complexes et passionnantes qu’en on s’y intéresse un peu.
Bravo pour le travail que tu fais et merci de partager tout cela avec nous. Tu sais merveilleusement bien mettre tout cela en scène, je te suis dans ton jardin et ton « chez toi » au fils de tes articles et photos. Bref, un vrai voyage que je prendrai plaisir à poursuivre avec toi. 😉
Bonjour Heike, je viens de découvrir ton blog par Hellocoton et j’aime beaucoup. Les photos, les textes et ta conception de vie me plaisent énormément.
Je suis désormais tes papiers avec grand bonheur… Merci pour ce voyage en Perche !
Bonne journée,
Lisa
Bonjour Heike, tu es venue dans mon jardin au mois de juin l’année dernière (Bellou-le-Trichard), j’aimerais beaucoup te rencontrer prochainement …. Claire
Ton blog est très, très sympathique!