Le bouquet décomposé

Les secrets d’un bouquet monochromeLTAJ-BouquetBlanc

Ça y est, il y a des fleurs dans mon « jardin blanc » ! Ce n’est pas encore l’abondance, mais suffisant pour en rapporter à la maison et faire un bouquet monochrome.

La restriction à une seule couleur, hormis le vert incontournable, demande une attention toute particulière aux formes des plantes afin que monochrome ne rime pas avec monotone.

Dans son magnifique ouvrage « Le jardin de vivaces et de graminées »*, Piet Oudolf, le paysagiste le plus innovant de ces dernières décennies, donne des clefs de composition pour les massifs. Malgré le rendu très coloré de ses créations, Oudolf privilégie les formes et structures des plantes par rapport aux couleurs.
Sa « palette de formes » qui sert d’outil de composition pour les massifs peut, plus facilement d’ailleurs,  s’appliquer à l’art du bouquet champêtre, monochrome ou pas.

Suivons donc la classification d’Oudolf et décomposons mon bouquet pour voir s’il répond aux exigences du maître !

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Les Queues de renard

Les épis 

Les épis sont des éléments visuels forts, car ils contrastent avec les masses de fleurs et de feuilles plus diffuses. Dans mon bouquet, se sont les Queues de renard, ou Vulpins des prés, qui remplissent ce critère. C’est une graminée très commune de la famille encore plus commune des poacées, poa étant un terme d’origine grecque, signifiant gazon.

 

 

 

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Le Plantain lancéolé

Les boutons et boules

Une autre forme bien définie : les boutons et boules n’ont pas besoin d’être nombreux pour donner des accents au sein d’un bouquet. Le Plantain lancéolé, ou Herbe à cinq coutures, tient son nom de la forme de ses feuilles, mais ici seul les fleurs nous intéressent. Avant de s’ouvrir, ce sont des petits obus noirs allongés qui s’épanouissent rang après rang en longues étamines blanches crème.


Les plumes

Le Brome confondu
Le Brome confondu

Les plumes sont des formes intermédiaires entre les épis et les ombelles. Leur effet vaporeux aère la composition. Bromus commutatus, ou Brome confondu, est à nouveau une graminée banale de la famille des poacées. Ces inflorescences sont peut-être un peu grossières pour mériter le nom de plumes, mais elles contrastent bien avec les fleurs du Pâturin comprimé, plus proches du plumet.

Le Pâturin comprimé
Le Pâturin comprimé
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Hesperis matronalis ‘Alba’

Les ombelles

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Allium neapolitanum

Il n’y pas que les insectes butineurs qui apprécient les inflorescences des ombellifères comme celles de la carotte sauvage et de nombreuses mauvaises herbes. Les Juliennes des Dames (Hesperis matronalis ‘Alba’) de mon bouquet ne font pas partie de cette famille, mais de celle des choux ou brassicacées. L’agencement des fleurs évoque tout de même de jolis parasols en dentelle et, en plus, elles sentent merveilleusement bon ! La deuxième « fausse ombelle » provient des bulbes de l’Allium neapolitanum.

 

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Bonnet de grand-mère

 

Les marguerites

La catégorie des marguerites regroupe des fleurs qui possèdent un bouton central et des pétales en rayon. Elles évoquent l’été et le soleil, non seulement par leur forme, mais aussi par leur habitat et la période de floraison. Les premières marguerites sauvages commencent à fleurir, mais leurs gros boutons jaunes auraient fait tâche dans ma composition.
L’Ancolie, ou Bonnet de grand-mère, ne possède pas la simplicité de la marguerite, mais elle tient ici tout de même la place de la fleur « fleur ».

Piet Oudolf ajoute encore deux catégories pour les feuilles :

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Oreille d’ours

Architecture et texture

Dans ses massifs de plantes vivaces qui fleurissent souvent assez tard en été, Oudolf porte une attention particulière à l’utilisation du feuillage. En attendant les fleurs et les couleurs, il faut bien que le jardin soit déjà beau à regarder.
Dans un bouquet, le feuillage ne doit pas manquer non plus. Ici, Stachys byzantina, mieux connu sous le nom d’Oreilles d’ours, remplit les deux critères à la fois : les feuilles sont bien dessinées et leur texture veloutée est irrésistible à toucher.

Bien évidemment, le fait de remplir une à une les catégories d’Oudolf énumérées ici ne garantira pas forcement la beauté du bouquet. Mais apparemment ce mélange de formes présentes naturellement dans les prairies sauvages provoque un plaisir visuel dont on n’a aucune raison de se priver !

LTAJ-BouquetPhotoCouleur

 

* Piet Oudolf : Le jardin de vivaces et de graminées, Bordas, 2000.

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