Dieu, est-il Hollandais ?
Depuis la rentrée, tous les matins, en emmenant mon petit dernier au car, un merveilleux spectacle nous attend au bord de la route. Profitant de l’eau d’un petit fossé, une flore sauvage magnifique s’y est installée. La scène est digne des plus grands paysagistes de la « Dutch wave », un mouvement de création de jardins naturalistes qui a conquis le monde horticole depuis deux décennies. Avec cette petite différence qu’ici personne n’a rien planté au départ…
Le paysagiste Piet Oudolf, dont j’ai déjà parlé dans mon article « Le bouquet décomposé », est à l’origine de cette « vague hollandaise ». Dans ses créations, il privilégie les plantations de graminées et de vivaces proches des plantes sauvages et en les agençant de manière naturaliste. Ses jardins ne sont pas, pour autant, des pures imitations de la nature, mais ce que j’appellerais de « la nature augmentée ». Un récent et très célèbre exemple en est la « High Line » à New York. Avant de replanter cette ancienne ligne de chemin de fer aérienne, Oudolf a étudié la flore spontanée qui s’y était installée pendant les décennies d’abandon. Au moment de la reconstruction, il s’est inspiré de ses observations tout en créant un parc public innovant et insolite.

Dès mon installation à la campagne, j’ai découvert le travail de Piet Oudolf. Et cette révélation a eu l’effet étonnant que je regarde la nature à travers le prisme du célèbre paysagiste : au lieu de comparer les jardins d’Oudolf à la nature, je compare la nature à son travail. Ses créations me révèlent la beauté de sa source d’inspiration.
Il m’a notamment sensibilisée à l’attrait des fleurs fanées. Les jardins du mouvement naturaliste étant essentiellement constitués de graminées et de vivaces, ces dernières doivent présenter un intérêt sur une longue période. La différence majeure avec les jardins classiques est donc la mise en valeur de tous les stades de vie de la plante. En gardant les vivaces défleuries, elles apportent de la structure et des éléments graphiques aux compositions et prolongent ainsi la saison des jardins, qui sont particulièrement beaux à la fin de l’été.

Dans « mon fossé », ce sont les salicaires fanées qui rythment l’ensemble avec leurs épis plus foncés qu’au moment de leur floraison.
On y trouve également tous les autres éléments chers à Piet Oudolf : les ombelles des eupatoires chanvrines et celles de la berce spondyle, les marguerites de l’herbe de Saint-Roche, les plumes de la reine des prés et des chardons montés en graines, les boutons du trèfle violet et puis d’innombrables graminées impossibles à identifier une par une.

Ce site d’apparence parfaitement naturelle ne l’est pourtant pas complètement. C’est juste un mince ruban de « friche relative » entre une route et une prairie, toutes deux aménagées par l’homme. La communauté de plantes s’y est créée avec les contraintes de la présence humaine, bovine et automobile, notamment les fauchages radicaux et motorisés en juin et octobre. C’est, par ailleurs, grâce au fauchage du mois de juin que l’on s’émerveille devant cette splendeur encore en ce moment !

L’équilibre des formes identifiées et utilisées par Piet Oudolf dans ses créations s’est installé spontanément et malgré l’impact de l’homme sur l’environnement. Peut-être que ces formes correspondent à des niches écologiques aussitôt remplies par la plante adaptée…
Quoi qu’il en soit, le résultat est magnifique et peut encore s’admirer jusqu’au prochain fauchage à l’angle de la D107 et de la route du Gué.
P.S.: Un livre qui explique bien le travail de Piet Oudolf :
Piet Oudolf & Noel Kingsbury, Plantations : Nouvelles Perspectives, Paris, Ulmer, 2013.
Salicaires défleuries, reines des près et eupotoires
reines des prés et eupatoires
Coquilles à corriger
Merci pour la lecture attentive! Coquilles corrigées! Bonne soirée!
Magnifique ce coin de fossé !
En partance moi aussi pour la campagne d’ici quelques semaines, le livre de Piet Oudolf est devenu mon livre de chevet et c’est en faisant une recherche sur « jardin naturaliste » que je découvre vos belles photos !
Merci pour gentil commentaire! Etant un grand fan d’Oudolf, j’ai presque tout lu de lui. Bonne installation à la campagne (dans quel coin de la France?)!
magnifique votre regard sur le jardin, il faut que l’on se voit rapidement pour parler jardin et potager avec Claire et FLorie à très bientôt Dominique Weber (maman de Florie….)
Merci beaucoup, Dominique, ce sera avec grand plaisir pour se voir et discuter de notre passion commune ! A très bientôt !