
Le calendrier lunaire : pratique ou tyrannique?
Quand on commence à jardiner, on découvre tout un nouveau monde. Les plantes ont des noms en latin, les graines des facultés germinatives, les outils ont des formes bizarres et des utilisations mystérieuses, quant aux pratiques à apprendre, les livres en débordent. Intrépide, on se lance tout de même et se fait sa propre éducation au contact de la matière et d’autres jardiniers.
Ces derniers nous demanderont tôt ou tard si on jardine avec la lune, et on sera peut-être tenté de répondre : bah non, je jardine quand il fait soleil !
Mais il ne nous aura pas échappé que la lune est très présente dans les livres de jardinage et dans les présentoirs à côté des caisses des jardineries. Alors on finira par se demander si on doit faire comme les autres et jardiner avec la lune.
Pour ce faire, il suffira de regarder notre satellite dans le ciel. Cependant ce n’est pas sa croissance ou décroissance, facile à observer, qui influence les plantes, mais sa position dans le ciel !

Pendant treize jours et demi, la lune passe de la constellation du Sagittaire, la plus basse sur la ligne d’horizon, à celle du Taureau, la plus haute. On dit qu’elle est montante. A la lune montante, la sève monterait également et ferait gonfler la partie aérienne des plantes favorisant la levée des semis, par exemple.
La lune descendante prend le chemin inverse et enverrait la sève vers les racines, ce qui encouragerait l’enracinement.
Jusqu’ici tout parait clair, mais les choses se corsent avec les jours spécifiques pour les racines, les feuilles, les fleurs ou les fruits selon les constellations du zodiaque dans le ciel. C’est là qu’un calendrier lunaire rend de véritables services.
En plus de donner les phases lunaires, ces calendriers proposent des tâches pour chaque jour de l’année en cours. Certains présentent en outre des tableaux de travaux à effectuer pour chaque légume, les fleurs, les arbustes, la coupe du bois de chauffe et même pour la pelouse, ce qui est très pratique. Mais comme il peut pleuvoir un jour de semis, comme on peut désirer un bouquet en lune descendante ou avoir besoin de carottes en lune montante, les contraintes du jardinage avec la lune peuvent paraître insurmontables et enquiquinantes.
Et pourtant, la plupart des jardiniers (bios, notamment) sont convaincus de son influence sur les plantes et de l’intérêt de suivre les phases lunaires.
Dans une expérience, Charles Dowding, jardinier anglais qui pratique le non retournement, a semé des carottes sur une parcelle divisée en deux : d’un côté le « bon » jour, de l’autre le « mauvais ». Il a récolté 7,7 kg de carottes « mal lunées » contre 9,1 kg pour les carottes semées le jour idéal.

Malgré ces exemples édifiants, ces mêmes jardiniers ne se laissent pas pour autant tyranniser par le calendrier lunaire. Le savoir-faire, les connaissances de la météo locale et les bonnes pratiques adaptées au sol restent irremplaçables.
Pour ma part, je consulte assidûment la lune au démarrage de la saison de jardinage. Avec la multitude de tâches, l’impératif lunaire m’aide à accomplir les plus urgentes. Au lieu de me sentir harcelée par le côté « donneur d’ordres » du calendrier, je ressens une grande satisfaction si j’ai réussi à semer les choux un jour de feuilles ! Plus le temps avance, en revanche, plus il devient difficile de maintenir cette situation idéale. Trop nombreux sont les imprévus, les baisses d’entrain et les pluies intempestives.
C’est à ce moment qu’il faudra prendre une grande respiration et oser s’affranchir du calendrier lunaire. Je tente toujours de garder en tête les phases montantes et descendantes, mais je jette au vent l’« élément terre » un « jour de racine dans la constellation Capricorne » ! Partant du principe qu’il est toujours bon de s’activer au jardin, je me suis même déjà risquée à jardiner un jour de « nœud lunaire » (mon Dieu ! c’est totalement déconseillé !), avec mauvaise conscience, certes, mais la foudre ne m’est pas tombée dessus pour autant.

Parole de forestier, la lune a une influence énorme sur les montées de seves et les besoins en eaux des arbres !