Au printemps 2012, lors d’une visite chez mon père en Allemagne, je découvris dans un coin de la terrasse un bouquet de rameaux de saule oublié. Il devait se trouver là depuis un moment, car les branches avaient fait des racines dans l’eau ! Comme nous étions nouvellement propriétaires d’un terrain humide, nous embarquions les rameaux avec nous et les plantions un par un dans l’espoir de voir pousser une belle saulaie.
Quatre années plus tard, malgré les soins pris à la plantation et l’humidité quasi-constante de l’endroit choisi, il ne nous reste qu’un seul petit sujet de ces saules marsault ou Salix caprea. Les lapins et les chevreuils les ont élus « meilleur goût de l’année » en 2012, 13, 14 …, ils ne résistent pas à la saveur de sa sève au printemps ! L’arrachage de l’écorce, qu’ils ne mangent même pas, suffit souvent à faire mourir le jeune arbre. Les dégâts dû à cette gourmandise ont donc fait table rase de notre rêve de saulaie.
Nous avions pourtant mis un répulsif très efficace contre ces rongeurs d’écorce : des cheveux humains !
Tous les printemps, mon mari passe voir la coiffeuse du bourg et revient avec un énorme sac de cheveux de toutes les couleurs. Il fabrique des pochons avec des filets d’oignons ou de pomme de terre et vaporise le tout avec une eau de Cologne la plus « cheap » possible. Accrochés tous les dix mètres sur le terrain planté, ces pochons à forts effluves ont un effet dissuasif remarquable, mais, hélas, pas infaillible dans le cas des saules !

De ce fait, le petit rescapé a pris beaucoup de valeur à nos yeux. Chaque année, je guette l’arrivée des chatons avec impatience. Ce sont les chatons mâles qui ont ce doux duvet rappelant l’animal sur pattes. Ils se lovent le long des tiges et sortent de leur écaille unique tôt au printemps. Les fins poils argentés captent merveilleusement la lumière. On les voit briller de loin !
La coutume veut que l’on coupe les rameaux de saule marsault le jeudi saint et les décore d’œufs de Pâques. Cependant, a-t-on vraiment besoin de décorations artificielles si la nature s’en charge toute seule? Non seulement la forme ovoïde des chatons ne pourrait être mieux choisie, mais le plus beau reste à venir !
De la fourrure argentée jaillissent des étamines d’un jaune d’or encore plus voyant que les chatons ! De surcroît, le saule étant une plante mellifère, son abondance de pollen et de nectar est une aubaine pour les abeilles à un moment de l’année où peu d’autres choses fleurissent !
C’est aussi à ce moment que j’ai craqué et coupé quelques tiges afin de rapporter un bouquet à la maison. Pour l’étoffer un peu, j’ai rajouté des branches de cornouiller rouge et de saule jaune.
De jour en jour, on peut constater l’allongement et l’affinement des étamines. Pendant que le pollen tombe en une fine poudre jaune, les doux petits chatons semblent s’être coiffés en punk !
Au bout de quelques jours, la floraison se parachève en un véritable feu d’artifice !
Maintenant il ne me reste plus qu’à oublier ce bouquet dans un coin de la terrasse, le temps qu’il fasse des racines…
Merci Heike, C’est un joli conte de fée que tu nous révèles ici (J’ai encore égaré mon mot de passe et ne peux te répondre sur ton site Mille excuses mais Bisous Mamée
Superbe article avec de belles photos poétiques.Contre les chevreuils , j’ai tenté l’année passée un voile avec du parfum très capiteux bon marché.Hasard ou pas , ça a fonctionné !
En effet, le parfum, ça marche! Il faut juste être très régulier pour les « rappels » de vaporisation, ce qui n’était pas forcement le cas la première année de nos saules.