Au beau milieu du mois de janvier, on peut se projeter vers l’été à venir en semant les premiers pois de senteur. Feuilleter les catalogues de graines figure parmi les rares plaisirs du jardinier en hiver. De belles photos présentent des masses de fleurs et l’immense choix de couleurs. Et, surtout si l’on a déjà cultivé des pois de senteur, les descriptions des parfums aiguisent le désir du jardinier en manque.
Mon choix de couleurs se voulait le plus sophistiqué cette année: Lathyrus ‘Molly Rilestone’ possède une fleur crème bordée de vieux rose, ‘Juliet’ est d’un crème très légèrment rosé, et pour le contraste j’ajoutais ‘Midnight’, décrit comme étant presque noir.
Je sème mes graines après trempage de vingt-quatre heures dans des petits pots qui s’appellent « root trainers » car ils permettent aux racines de s’allonger. Les pois de senteur n’aiment pas avoir leurs racines à l’étroit. C’est pour cela que certains préfèrent les semer directement en place. Chez moi, trop peu de graines lèvent à l’extérieur, à l’exception d’un endroit sauvage où la très vieille variété ‘Matucana’ se ressème toute seule.
Début mars, mes semis se sont élancés devant la baie vitrée et attendent leur transplantation au jardin. Je leur ai préparés deux tipis de branchages de cornus au potager. Sachant que ce sont de grands gourmands, j’ai rajouté de l’engrais organique à la terre déjà enrichie en compost pendant l’hiver.
Et comme les pois de senteur ne sont pas gélifs – en région douce on peut d’ailleurs les semer à l’automne – , j’ose les sortir vers la fin mars par une belle journée ensoleillée.
Rien n’ayant été simple au jardin cette année, en avril un grand coup de froid stoppe net toute tentative de croissance de mes pois odorants. Suivent des semaines de pluies incessantes, l’inondation au potager, et toujours des températures bien en dessous de la normale. Je commençais à désespérer quand, début juin, les plantes se lancent à l’assaut des tipis.
A la fin juin, je peux enfin admirer les couleurs des fleurs et apprécier leur parfum enivrant. ‘Midnight’ tient sa promesse, même si le « presque noir » dans le règne végétal reste toujours une approximation.
‘Molly Rilestone’ est délicatement sophistiqué, ses fleurs à peine écloses semblent rougir de pudeur, une vaine modestie vu sa beauté évidente !
Lathyrus odoratus grandiflorus ‘Juliet’ possède en effet de grandes fleurs crèmes halées d’abricot. Elles sont florifères et hautes sur tiges, une qualité appréciée pour la confection de bouquets.
Au moment du semis, j’avais volontairement mélangé toutes mes graines pour un effet naturel à la plantation. Du coup, quand sont apparues des couleurs vives comme le rose pétant ou le violet clair, je ne pouvais plus savoir de quel lot étaient sorties ces « erreurs ».
De beaux erreurs, certes, mais qui ruinaient ma palette de couleurs raffinées tout de même !
Néanmoins, c’est un petit contre temps comparé à l’attaque virulente de pucerons et la rapidité avec laquelle les fleurs se transforment en cosses. Afin de profiter encore un peu de la floraison et de l’odeur addictive, il est impératif de couper les fleurs fanées et les cosses déjà formées. Et puisque désormais la tendance est à la sécheresse, il faut surveiller l’arrosage de près. Chez moi, le paillage se fait un peu mince et un apport de compost ne fera pas de mal pour garder la fraîcheur. Par contre, afin de nourrir les plantes, un engrais liquide ou du purin sera plus vite assimilé.
Enfin, pour venir à bout des pucerons, je projette de leur préparer une bonne douche au savon noir !
Avec autant de soins, j’espère pouvoir profiter encore un moment de ces petites merveilles, au jardin ou à la maison où elles embaumes et égaient l’ambiance à souhait.
Ils sont magnifiques et ces couleurs tellement élégantes. Et les photos aussi !