Prenez-en, de la graine !

LTAJ-Graines

C’est la fin des récoltes. Autour de moi, presque tous les champs ont été moissonnés et les grainiers sont pleins à craquer. L’agriculture a commencé avec ces simples gestes : prendre, garder et semer les graines de l’année d’avant. C’était facile, intuitif et gratuit. Et ça l’est toujours, au moins pour le jardinier amateur…!

Les graines de radis
Les graines de radis

Les semences sont le résultat de la fécondation d’une fleur. Cette dernière évolue en fruit contenant les graines des futures plantes. Une fois arrivées à maturité, les graines doivent se disperser pour perpétuer l’espèce. Le but étant d’aller assez loin des « parents » pour conquérir de nouveaux territoires, mais pas trop non plus, au risque de ne pas trouver les bonnes conditions de vie (je conseillerais bien la même ligne de conduite à la progéniture humaine, mais ça, c’est un autre sujet !).
Cette dissémination peut se faire par la plante elle-même (certains fruits explosent carrément), mais aussi par le vent (on pense immédiatement au pissenlit ou la « fleur à souffler » en allemand). D’autres moyens de « transport de graines » sont l’eau de ruissellement, les intestins des animaux qui ont mangé les fruits et leur pelage qui emporte les graines « velcro ».

Les graines du Lupin blanc, un engrais vert comstible
Les graines de lupin blanc, un engrais vert

Et puis un jour l’homme a voulu contrôler l’apparition des plantes qu’il désirait (manger et regarder). En récoltant les graines et en les semant à l’endroit choisi, il prend littéralement les choses en main.
Semer est un acte de foi : confier les graines à la terre, à la pluie et au soleil témoigne d’une grande confiance dans l’avenir. Et en choisissant les plus belles graines pour les futurs semis, on se projette déjà dans ce bel avenir.

Chaque graine porte en elle la promesse d’une nouvelle plante qui, à son tour, produira quantité de nouvelles semences. Si on laisse monter en graines une laitue, un panais ou un poireau, on se rend facilement compte de l’incroyable prodigalité des plantes dans le but d’assurer la survie de leur espèce. C‘est cette surabondance de graines qui favorise la culture des plantes par l’homme.

Les graines du haricot 'Castandel'
Les graines du haricot ‘Castandel’

En pratique et au potager, les graines les plus faciles à récolter sont celles que l’on mange : haricots, petits pois et maïs doux (attention aux croisements : ce dernier doit être cultivé loin d’un maïs fourrage si on veut garder ces qualités gustatives). On laisse tout simplement pousser les plantes jusqu’à ce que les gousses ou les épis soient bien secs. S’il pleut beaucoup, il est préférable d’arracher quelques pieds et de les sécher à l’abri. Afin d’éliminer la bruche du pois, il faut mettre ces graines au congélateur pendant quelques jours.

Le maïs doux 'Golden Bantam'
Le maïs doux ‘Golden Bantam’

Pour obtenir les graines des légumes dont on mange les feuilles, les bulbes ou les racines, on les laisse fleurir et monter en graines. Cela se fait en une saison pour les salades, la roquette ou les radis, mais prend plus de temps pour les betteraves, les panais ou les poireaux. Ces derniers doivent tous passer l’hiver en terre et  produiront les graines l’été d’après.

Les légumes-fruits contiennent leurs graines qui sont plus ou moins faciles à récupérer. Les grosses graines tentantes des courges ne produiront pas les fruits attendus si on ne les a pas protégées d’une pollinisation croisée avec d’autres cucurbitacées. Celles des tomates demandent un traitement spécial que je n’ai jamais tenté, mais qui est bien résumé dans le livre « Le potager anti-crise »*:

  • ramasser la plus belle tomate de chacune des variétés
  • récupérer leur jus et les graines dans un verre
  • laisser macérer 2 jours
  • rincer les graines lorsqu’une fermentation apparaît
  • mettre à sécher sur un linge ou un plat
  • stocker dans une enveloppe.
Les graines du panais
Les graines de panais

Au jardin fleuri, on a le choix entre laisser faire la nature et le contrôle du jardinier en chef. Dans le premier cas, on découvrira les semis spontanés au printemps prochain (voir aussi mon article « Le bouquet qui se ressème »), et il sera toujours temps d’éditer le « trop » ou le « pas au bon endroit ». Si on aime garder la main ou si on veut coloniser de nouvelles plates-bandes, il est préférable de collecter les graines. Parmi les plus faciles, il y a celles des cosmos, des soucis, des tournesols et des nigelles.

Les graines de nigelle
Les graines de nigelle de damas

Toutes ces « promesses condensées » doivent être gardées bien au sec, mais pas trop au chaud, dans des sachets en papier et étiquetés du nom et de l’année afin qu’elles puissent tenir parole !

LTAJ-SachetsDeGraines

 

 

*Rodolphe Grosléziat, Le potager anti-crise, Paris, les éditions Ulmer, 2010.

 

 

 

 

5 réflexions sur “Prenez-en, de la graine !

  1. Bonjour,
    Lorsque la récolte des graines a été bonne et que l’on en a beaucoup, on peut faire don d’une partie à une graintohèque. On trouve de plus en plus de ces lieux (parfois une simple boîte) où l’on peut déposer ou prendre gratuitement des graines de variétés reproductibles. Cela permet ainsi de conserver des variétés anciennes et d’augmenter la biodiversité.
    Amicalement,
    Isa

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