Une promenade de cueillette
Le printemps atteint sa vitesse de croisière et on peut à nouveau se donner à cœur joie dans la confection des bouquets champêtres. Ce style de bouquet n’était évidemment pas devenu obsolète pendant l’hiver, mais les principaux composants sont de retour depuis peu de temps. En ce mois de mai bien avancé, tous les « ingrédients » requis poussent comme du chiendent (qui lui, n’en fait pas partie pour autant).
Lors d’une petite promenade matinale dans notre prairie sauvage, mon regard est attiré par quelques boutons bien rouges de trèfle incarnat. On avait semé cette plante fourragère dans notre nouveau terrain pour sa beauté et son adaptation au sols lourds, moins pour sa qualité d’engrais vert, puisque la terre est déjà très riche (et même trop riche pour obtenir une belle prairie sauvage). La plante annuelle s’est très peu ressemée car la concurrence de l’herbe est trop forte. Les quelques petites touffes rescapées me ravissent et sont le point de départ pour mon bouquet.
Le ton « champêtre » étant donné d’emblée, je m’arrête tout de suite pour prendre quelques herbes folles. En l’occurrence, c’est le brome stérile qu’on reconnait à ses longs poils au bout des graines et son port élégamment penché d’un côté.
En me dirigeant vers mon potager, je tombe sur la merveille du moment : Cytisus scoparius ‘Burkwoodii’, autrement dit, un genêt à balais.
Si tôt le matin, il est encore saupoudré de rosée. Sa couleur allant du rouge cerise au « crème à la pêche » s’accorde parfaitement à celle du trèfle. Le genêt fait partie de la famille des fabacées ou légumineuses comme les pois et les lupins, ce qui se voit très facilement à la forme de la fleur. En cueillant des branches qui commencent tout juste à fleurir, on peut profiter très longtemps de la belle floraison en vase.
A travers mon potager, j’atteins le jardin blanc qui ne mérite pas encore cette appellation tant le vert domine à cette époque de l’année. L’allium nigrum s’apprête pourtant à rajouter des touches blanches avec la multitude de petites fleurs sur le point d’éclore.
Plus loin un lilas blanc embaume ce coin du jardin dès le matin. Chez nous, il se trouve dans un bout de haie, et malgré son côté sophistiqué il s’intègre bien dans une composition champêtre, au jardin comme à la maison.
Maintenant il mangue encore un peu de corps à mon bouquet. Les oreilles d’ours – ou Stachys byzantina – n’ont pas encore complètement séché après la nuit fraîche. Leur texture de velours et le gris-vert très doux font un mariage heureux avec le reste des ingrédients du bouquet.
En contraste avec les couleurs claires, j’ajoute le feuillage de l’aster ‘Lady in black’ qui est déjà un peu moins noir qu’au moment de sa première apparition. Les sombres feuilles lancéolées retomberont gracieusement une fois en vase.
En retournant vers la maison avec ma récolte, je passe devant le puits où pousse dans un vieux baquet en bois une Tellima grandiflora. Ce valeureux couvre-sol à l’ombre produit aussi de ravissantes fleurs clochettes et discrètes. Faciles à associer dans les compositions florales et les massifs, elles ne sont jamais de trop.
Arrivée dans ma cuisine, le choix du vase se fait aisément : ma collection de bocaux est vaste et l’esprit de l’humble contenant va bien avec l’apparente modestie de ma cueillette…
merci pour cette si belle envolée de jolis mots que tu emploie pour décrire nos simples folles herbes des prairies.
C’est simple et agréable à regarder.
La fusion des différentes variétés donne à ce bouquet un très bon aperçu.